Par
Tchibouela Makosso
K2 : La
scission du Congo manifestée par la requête de création de l’Etat du Sud Congo
du 14 avril 2014 adressée à l’ONU semble pâtir d’une certaine lenteur. A quoi
cela tient-il ?
K1 :
Les promoteurs de la scission ont fait le choix d’user d’une voie sans
violence, qui s’appuie sur le droit international, pour faire aboutir cette
démarche destinée à offrir un havre de paix et de protection aux populations du
Sud Congo.
K2 :
Mais, puisque rien ne semble bouger, est-ce à dire que le recours à la
non-violence est une option qui ne paye pas ?
K1 : Il
y a là d’une part, la responsabilité qui incombe à la communauté internationale
tenue de respecter le droit qu’elle s’est donné. Et, aussi d’une autre part, la
responsabilité du peuple concerné.
La
Communauté internationale doit faire respecter le droit international dès lors
que les initiatives qui sont engagées en respectent les critères. Au cas
contraire, c’est la porte ouverte à toutes les éventualités, tous les extrêmes
si les cris légitimes d’un peuple restent sans suite. Il ne faut plus dans ce
cas crier au loup !
Le fait que
le processus de scission n’avance pas tel qu’il y eut fallu au regard des
évènements gravissimes au Congo et qui chaque jour ne font que conforter sa
nécessité, dénote d’une volonté manifeste de la part de la communauté
internationale d’en retarder la survenue. Cette indifférence de la Communauté
internationale aux violations flagrantes des droits de l’Homme auxquelles se
livre SASSOU NGUESSO Denis contre les Sud Congolais doit emmener encore
davantage les Sud Congolais à se prendre en mains. A ce propos, il est rappelé,
le silence coupable de la France sur les évènements en cours au Congo. La France
qui accorda son fameux Sésame à SASSOU NGUESSO Denis.
Par
ailleurs, la non-violence comme voie de réalisation des aspirations d’un peuple
est assise sur le nombre, l’implication du dit peuple à faire changer son
destin. La démocratie par exemple est une forme de voie non-violente de gestion
sociétale basée sur le nombre.
En recourant
à la non-violence, les Signataires de la requête de création de l’Etat du Sud
Congo ont voulu éviter par ce biais, de voir continuer à couler le sang des
Congolais, notamment ceux du Sud Congo. Car, les Signataires auraient pu eux aussi
faire recours à l’option armée comme le fit SASSOU NGUESSO Denis en 1997.
La
non-violence suppose que le peuple concerné ait compris et accepté le choix qui
lui est proposé. Cela implique en aval, de la part des promoteurs de la
scission, un gigantesque travail de vulgarisation de leur projet. Mais, même
promu, un projet peut recueillir l’indifférence du public auquel il s’adresse. Dans
ce cas, ce n’est plus une insuffisance d’investissement de la part de ses promoteurs, mais un choix de rejet opéré par
le public.
Ainsi, par
le nombre, l’adhésion populaire massive, Gandhi et le peuple Indien firent
plier les Britanniques. Et, Martin Luther King et les autres Militants des
Droits civiques contribuèrent à faire avancer leur lutte au profit des
minorités notamment noire aux Etats-Unis.
K2 :
Est-ce à dire, qu’il y aurait eu un déficit d’information sur le sujet de la
scission du Congo ?
K1 : Non,
je ne le pense pas. Cependant, le défi à relever pour les promoteurs est de
disposer d’outils ou d’approches susceptibles de leur permettre d’évaluer l’adhésion
du public au projet. Les sondages, l’engouement du public aux thématiques de la
scission via les publications et forums de discussions, le référendum, …sont
autant de canaux pouvant être utilisés à cette fin. D’ailleurs, un
Pré-référendum délocalisé fut organisé qui a mis en évidence l’élan du Sud au
processus de scission. Mais, il a aussi permis de constater l’état de terreur,
de peur dans lequel se trouve être plongée la population du Sud Congo. Au point
que pour une certaine frange de celle-ci, les garanties d’une expression libre
ne se trouvent que dans un référendum local.
K2 :
Revenons sur les responsabilités. Pendant des décennies, les responsabilités
étrangères notamment Occidentales dans les tragédies liées à l’exercice du
Pouvoir en Afrique furent difficiles à être définies. Le génocide Tutsi en 1994
au Rwanda ouvrit une nouvelle ère où la responsabilité par exemple de la France
de François MITTERAND fut établie par les autorités actuelles Rwandaises. Y’a-t-il
lieu de penser que la France de François HOLLANDE ne saurait échapper au même
verdict en ce qui concerne le Congo?
K1 : Il
ne fait aucun doute que le tournant de l’ambition de SASSOU NGUESSO Denis de s’accrocher
au pouvoir vient du feu vert que lui accorda le Président Français au vu et au
su de l’opinion internationale. La preuve est là, patente et incontournable. La
responsabilité de la France devient alors elle-même aussi une évidence dans le
triste sort que traverse le peuple Congolais.
K2 : Le
Congo serait-il devenu le théâtre d’une action de trop de l’implication négative
française en Afrique ?
K1 :
Seul l’avenir nous le dira. Il ne fait aucun doute que quelque chose aux immenses
conséquences se joue au Congo. La Clé est entre les mains des Congolais du Sud.
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